Anti-impérialisme et internationalisme
La gauche mondiale est actuellement anémique et ce notamment en raison de sa faible implication dans le lutte contre l’impérialisme et le colonialisme. Si, dans les années 50 et 60, la gauche mondiale s’était mobilisée contre les guerres d’Indochine, d’Algérie, du Viet Nam et autres, le progressisme actuel est, sur le sujet impérialiste, d’une apathie étonnante. Face à la première guerre d’Irak en 1991, les réactions ont été d’une faiblesse stupéfiante. En France, aucune manifestation importante n’a été alors organisée pour protester. D’ailleurs, le gouvernement de l’époque avait prévenu: tout mouvement anti-guerre sera réprimé par la police et les services secrets, un peu comme si nous vivions alors en dictature.
Lors de l’invasion de l’Afghanistan idem : pas la moindre protestation. La plupart des partis, en France et dans les autres pays, approuvaient l’intervention. Quant à ceux qui n’approuvaient pas, ils sont restés étonnamment discrets. Pas la moindre campagne de protestation, pas le plus petit défilé, pas de pétition, pas de discours indignés. Il faut dire que les Talibans, mis en place par les Etats-Unis, n’avaient pas bonne presse. Même l’Iran les traitaient d’obscurantistes. Ils en étaient de plus pris aux statures bouddhistes, comme s’ils avaient voulu s’isoler et faciliter une intervention étrangère. Quand ensuite on les a accusés d’être responsables des attentats du 11 septembre, ce qui est tout de même un comble pour un des Etats les plus arriérés du monde, tout le monde a avalé le mensonge, sans même faire preuve du moindre sens critique. Finalement, les Occidentaux ont recolonisé le pays, l’ont ravagé pendant plus d’une décennie, et ont rétabli la culture du pavot qui avait disparu sous la férule des Talibans. A croire que ce sont les services secrets occidentaux, les véritables dirigeants du trafic de drogue international.
Lors de la deuxième guerre d’Irak par contre, une protestation internationale a eu lieu, protestation initiée en France par la droite chiraquienne et non par la gauche. Si Chirac avait été partisan de l’intervention américaine, il fort probable que la gauche aurait une nouvelle fois succombé à ses tendances atlantistes ataviques.
Lors de la dernière intervention au Mali, l’extrême gauche a fait preuve d’une faiblesse idéologique stupéfiante. Alors que les communistes et le FDG commettent la grossière erreur d’approuver cette opération coloniale, le NPA trouve lui aussi qu’il faut combattre les « extrémistes religieux ». Seule LO dénonce l’opération coloniale, sans pour autant organiser de protestation.
Les gauchistes ont perdu à cette occasion, la possibilité de recruter des militants et des électeurs, les Français étant majoritairement opposés à ce genre d’expédition coloniale, qui ne profite qu’aux fascistes et aux patrons. Ils savent que les états de guerre sont toujours l’occasion de supprimer des libertés et, les braves patriotes qui veulent casser du Malien sont les mêmes qui bloquent systématiquement les salaires et font payer les classes pauvres.
Sans lutte anti-impérialiste, anticolonialiste, pacifiste et internationaliste, la gauche n’est rien ou presque. C’est dans les luttes internationales contre les guerres coloniales que le gauchisme se développe et prospère ; la gauche française des années 60 s’est formée dans la lutte contre la guerre d’Algérie et contre l’intervention américaine au Viet Nam. Ces mouvements anti-guerre ont donné au gauchisme une puissance exceptionnelle qui a permis l’explosion de Mai 68 et les 30% de hausse de salaire minimum qui ont suivi. Dans ces luttes, des liens internationaux ont pu être noués, ce qui a permis au gauchisme international de se développer dans tous les pays occidentaux.
De nos jours, les partis communistes et gauchistes se contentent de suivre le gouvernement en place dans la question des affaires extérieures, se ridiculisant et s’affaiblissant, jusqu’au point où ils n’arrivent même plus à faire respecter les droits de l’homme en France, pays qui les a inventés.
Les Afghans et les Maliens sont « menacés » par des « extrémistes religieux », comme les Vietnamiens étaient « menacés » par les communistes. Au 19ème siècle les expéditions coloniales venaient « libérer » les « indigènes » de leurs potentats locaux. La propagande impérialiste et coloniale se répète à l’infini. Dans les faits, le problème est toujours le même : les impérialistes pratiquent une nouvelle forme de colonialisme dans le but de s’approprier les ressources naturelles de ces pays, de les empêcher de se développer, et d’installer des installations militaires stratégiques dans le but de contrôler l’accès au matières premières des pays concurrents. Ces expéditions permettent aussi de limiter la liberté d’expression dans les pays développés, toute critique étant assimilée à de la haute trahison. Dans le même temps, ces braves patriotes coloniaux réservent les hausses de salaires aux fascistes des divers services de sécurité, qui seront les seuls à pouvoir vivre décemment dans la société qu’ils nous préparent.
Des militants gauchistes expérimentés ne peuvent pas se laisser abuser par la propagande coloniale qui dépeint toujours les victimes comme des obscurantistes ou des totalitaires. Combattre le colonialisme et l’impérialisme, c’est le seul moyen pour la gauche de revenir sur la scène politique française et internationale.
La lutte contre l’impérialisme permet de créer des liens avec divers organisations et pays du monde. Cela donne la possibilité d’obtenir l’appui de certains services secrets du monde, et de ne plus dépendre exclusivement des fascistes nationaux pour l’accès à l’information. Ca autorise aussi l’obtention de financements et d’aides diverses qui donnent la possibilité de créer en France un mouvement de défense des salariés qui soit conséquent. Sans lutte contre l’impérialisme pas d’appui extérieur et sans appui extérieur pas de mouvement social; sans mouvement social pas de progrès social mais au contraire la régression fasciste et totalitaire à laquelle nous assistons.